Aide financière parentale : les Québécois moins généreux que le reste du Canada

Aide financière parentale : les Québécois moins généreux que le reste du Canada

Auteur Alexandre Feydri
Date 17 oct. 2025, 10:12
Temps de lecture 7 min 50 sec

Face à la flambée des prix immobiliers et à la hausse des taux d'intérêt, de plus en plus de premiers acheteurs se tournent vers leurs parents pour concrétiser leur rêve d'accession à la propriété. Pourtant, au Québec, le coup de pouce familial reste moins fréquent qu'ailleurs au Canada, selon un récent sondage Royal LePage.

Un écart marqué entre le Québec et le reste du Canada

Les chiffres révèlent une différence notable dans l'aide financière offerte aux jeunes acheteurs selon leur province de résidence.

Des dons moins fréquents au Québec

Au Québec, seulement 7 % des potentiels premiers acheteurs prévoient obtenir un soutien financier de leurs proches sans avoir à le rembourser, selon un sondage en ligne effectué par Royal LePage en août 2025 auprès de 2 500 répondants. Cette proportion grimpe à 12 % dans l'ensemble du Canada, soit presque le double.

L'écart se maintient pour l'aide aux paiements hypothécaires : près de 6 % des premiers acheteurs québécois anticipent recevoir cette forme d'assistance, comparativement à 10 % à l'échelle canadienne.

Les prêts familiaux : une pratique plus uniformisée

En revanche, les prêts familiaux à rembourser semblent transcender les frontières provinciales. Au Québec, 11 % des futurs propriétaires planifient recevoir un prêt de leurs proches qu'ils devront rembourser ultérieurement, une proportion similaire au reste du pays.

Cette formule permet aux parents d'aider leurs enfants tout en préservant un certain équilibre financier familial, puisque les sommes avancées reviendront éventuellement dans leurs coffres.

Une tendance en progression depuis la pandémie

Même si les Québécois demeurent moins enclins à soutenir financièrement le projet immobilier de leurs enfants adultes, la pratique gagne néanmoins du terrain depuis quelques années.

L'impact de la hausse des prix

"Ça s'est accentué avec la pandémie, étant donné que les prix ont augmenté", observe Geneviève Langevin, courtière immobilière de Royal LePage qui pratique ce métier depuis 17 ans dans les quartiers Villeray et Rosemont à Montréal.

La combinaison de la hausse des prix des maisons et de la hausse des taux d'intérêt a rendu l'accès à la propriété considérablement plus difficile pour les jeunes générations. Cette réalité pousse les parents, particulièrement les baby-boomers, à repenser leur approche.

Un transfert intergénérationnel du vivant

"Je pense que c'est là que les parents, les baby-boomers en fait, se sont dit : 'OK, on va les aider de notre vivant'", explique Geneviève Langevin.

Cette décision reflète une prise de conscience : plutôt que de laisser un héritage après leur décès, certains parents choisissent d'aider leurs enfants au moment où ils en ont le plus besoin, soit lors de l'acquisition de leur première propriété.

Un marché toujours défavorable aux premiers acheteurs

Malgré certains signes encourageants, le contexte immobilier demeure ardu pour ceux qui tentent d'accéder à la propriété pour la première fois.

L'attentisme n'est pas nécessairement payant

Geneviève Langevin constate que nombreux sont les premiers acheteurs qui hésitent à franchir le pas, espérant que les conditions leur seront plus favorables s'ils patientent. La courtière les met toutefois en garde contre cette stratégie.

"J'ai l'impression qu'ils attendent de voir si les taux d'intérêt vont encore baisser et si les prix vont baisser", analyse-t-elle. "Oui, les taux d'intérêt, peut-être qu'ils vont baisser, mais si les taux d'intérêt baissent, on s'entend que les prix devraient augmenter."

Cette dynamique crée un cercle vicieux : en attendant de meilleures conditions, les acheteurs risquent de se retrouver confrontés à une nouvelle hausse des prix immobiliers, annulant ainsi les gains obtenus par la baisse des taux.

Un marché toujours favorable aux vendeurs

Le marché demeure à l'avantage des vendeurs en raison d'une offre d'habitations limitée. Cette rareté alimente la compétition entre acheteurs et maintient une pression à la hausse sur les prix.

La surenchère en forte progression à Montréal

Sur le terrain montréalais, un phénomène prend de l'ampleur et complique davantage l'accès à la propriété : la surenchère.

Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes

Dans les transactions épaulées par l'équipe de Geneviève Langevin, la surenchère touchait 25 % des cas il y a deux ans. "Cette année, c'est 40 % du temps", révèle la courtière, témoignant d'une intensification notable de la compétition.

Le montant moyen des surenchères représente également un défi considérable pour les budgets serrés des premiers acheteurs. "La surenchère, elle peut être assez variable, mais si je fais une moyenne, c'est autour de 40 000 $", précise Mme Langevin. "C'est quand même pas toujours facile pour les premiers acheteurs."

Cette somme supplémentaire de 40 000 $ peut facilement compromettre l'équilibre financier d'un jeune ménage, particulièrement s'il ne bénéficie pas du soutien familial.

Des attentes qui s'ajustent à la réalité montréalaise

Face à ces obstacles financiers, les premiers acheteurs de la grande région de Montréal adaptent progressivement leurs objectifs immobiliers.

Le recul du rêve de la maison unifamiliale

Si acheter une maison unifamiliale détachée demeure l'objectif de 39 % des premiers acheteurs canadiens, Geneviève Langevin constate que les résidents montréalais modèrent leurs attentes en raison des prix élevés.

Les copropriétés, duplex et triplex deviennent des options plus réalistes pour une génération qui souhaite devenir propriétaire sans s'endetter au-delà du raisonnable.

Le retour en ville après l'exode pandémique

Un renversement de tendance intéressant se dessine actuellement dans la région métropolitaine. Après l'essor du télétravail durant la pandémie, qui avait poussé de nombreux acheteurs vers les banlieues éloignées pour profiter de meilleurs prix et de plus d'espace, le balancier revient vers Montréal.

"On sent que ça revient davantage à Montréal parce qu'il y a plus de présentiel", note Geneviève Langevin. "Les jeunes privilégient davantage l'emplacement maintenant."

Le retour progressif au travail en présentiel redonne de la valeur aux propriétés situées à proximité des centres d'emploi et des commodités urbaines. Les jeunes acheteurs réalisent que la qualité de vie ne se résume pas uniquement aux mètres carrés, mais englobe aussi la proximité des services, des transports en commun et des milieux de travail.

Pourquoi cette différence entre le Québec et le Canada ?

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer pourquoi les parents québécois sont moins enclins à soutenir financièrement leurs enfants dans leur projet immobilier.

Des facteurs culturels et économiques

Les différences culturelles dans l'approche de l'autonomie financière et de l'indépendance des jeunes adultes pourraient jouer un rôle. Le Québec possède également des particularités économiques, notamment un coût de la vie historiquement plus abordable que dans certaines autres régions canadiennes, bien que cet écart se réduise.

Les prix immobiliers à Montréal, bien qu'en hausse, demeurent généralement inférieurs à ceux de Toronto ou Vancouver, ce qui pourrait réduire la pression financière ressentie par les premiers acheteurs québécois et, par ricochet, diminuer la nécessité d'une aide parentale.

Des revenus familiaux différents

Les revenus moyens des baby-boomers québécois et leur capacité d'épargne pourraient également différer de ceux observés ailleurs au Canada, limitant ainsi leur marge de manœuvre pour aider financièrement leurs enfants.

Stratégies pour les premiers acheteurs sans aide familiale

Pour les deux tiers des premiers acheteurs québécois qui ne bénéficient d'aucun soutien financier familial, l'accession à la propriété nécessite une planification rigoureuse et parfois des compromis.

Maximiser sa mise de fonds

L'épargne disciplinée et l'utilisation des programmes gouvernementaux comme le Régime d'accession à la propriété (RAP) permettent d'accumuler une mise de fonds substantielle, réduisant ainsi le montant à emprunter et les coûts hypothécaires.

S'entourer de professionnels compétents

L'accompagnement d'un courtier immobilier expérimenté devient crucial dans un marché compétitif. Un professionnel averti peut identifier les meilleures opportunités, négocier efficacement et éviter les pièges coûteux d'une transaction mal préparée.

Élargir ses critères de recherche

Accepter de revoir ses attentes à la baisse, explorer des quartiers émergents ou considérer des propriétés nécessitant des rénovations peut ouvrir des portes insoupçonnées vers la propriété.

Perspectives pour l'avenir du marché québécois

Le marché immobilier québécois traverse une période de transition où les dynamiques familiales, économiques et sociales se reconfigurent. L'aide parentale, bien que moins fréquente qu'ailleurs au Canada, représente un facteur de plus en plus déterminant dans l'accès à la propriété.

Pour les premiers acheteurs, la clé du succès réside dans une préparation minutieuse, une flexibilité dans leurs attentes et un accompagnement professionnel adapté à la réalité d'un marché en constante évolution.

Que l'on bénéficie ou non du soutien familial, devenir propriétaire demeure possible à condition d'adopter une stratégie réaliste et de saisir les opportunités au bon moment. Dans ce contexte, l'expertise d'un courtier immobilier chevronné peut faire toute la différence entre un projet qui stagne et un rêve qui se concrétise.


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Source : Sondage Royal LePage, août 2025, 2 500 répondants


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